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0310 Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1
Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 / Page 310 (Color Image)

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doi: 10.20676/00000256
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J

300   EDOUARD CHAVANNES.

i

demi-indépendance; dès que les triomphes des Chinois, de 657 à 659, eurent

abattu la puissance des kagans, elles s'éparpillèrent de nouveau et n'eurent

plus de lien commun. Si nous ajoutons que le droit de succession chez ces

Turcs ne paraît pas avoir été réglé par des principes immuables, que le fils

n'héritait pas nécessairement de son père et que, à la mort d'un kagan, ses

frères se disputaient le trône, on comprendra quel était le vice inhérent à

leur organisation politique. Sous la direction d'un chef habile, ils étaient

une force invincible devant laquelle tout pliait; mais dès que leur élan

s'était arrêté, ils devenaient incapables de maintenir en temps de paix la

grandeur et la prospérité de leur empire.

Cette impuissance des Turcs occidentaux à rien créer de durable dans

l'ordre politique, nous la retrouvons dans l'art et la littérature. Tandis que

la Chine et la Perse atteignaient un haut degré de culture, les Turcs,

placés entre ces deux foyers de lumière, ne se laissèrent pas éclairer par

leurs rayons. S'il est possible que quelques inscriptions viennent un jour

nous révéler le vrai génie de leur écriture et de leur langue, il est cepen-

dant bien certain qu'aucun monument littéraire digne de ce nom ne nous

est resté d'eux; et, si les textes des historiens byzantins et les ornements

en or trouvés dans le sud de la Sibérie attestent qu'ils surent travailler les

métaux précieux, encore convient-il de remarquer que cet art resta toujours

un art barbare où la valeur de la matière était plus importante que le

mérite de l'exécution.   •

Si cependant nous considérons l'histoire générale de l'Asie, le rôle

des Turcs occidentaux ne nous apparaît point comme une quantité négli-

geable. Ce peuple guerrier joua, par ses conquêtes mêmes, un rôle con-

sidérable. En groupant sous son autorité, pendant un siècle environ, les

tribus éparses depuis l'Altaï à l'Est jusqu'à la Volga à l'Ouest, et depuis le

Tarbagatai au Nord jusqu'à l'Indus au sud, il maintint dans une certaine

mesure l'ordre et la paix là où il n'y avait avant lui que troubles et pil-

lages; des relations commerciales purent s'établir grâce à lui entre les

quatre civilisations colossales au milieu desquelles il se trouvait: la Chine,

Byzance, la Perse et l'Inde. Sans rien produire par eux-mêmes, les Turcs

purent être ainsi les intermédiaires utiles qui facilitèrent les échanges in-

ternationaux. Le transport de la soie par terre devint leur monopole; c'est

pour trouver un débouché à ce négoce qu'ils entrèrent en pourparlers avec

Byzance, et c'est parceque la Perse refusa de leur rien acheter qu'ils l'at-

taquèrent. D'autre part, le trésor du vieux temple Horiuji au Japon ren-

ferme, entre autres richesses, une aiguière d'argent sur laquelle est gravée

un quadrupède ailé, et une sorte de bannière qui représente quatre cava-

liers se retournant pour combattre chacun un lion; l'un et l'autre de