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Documents sur les Tou-kiue (Turcs) occidentaux : vol.1 |
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DOCUMENTS SUR LES TOU-KIUE OCCIDENTAUX. 249
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Q
«Lors donc que le kagan des Turcs eut mis fin à la guerre civile, il
dirigea les affaires avec bonheur; il fit alors un traité avec les Taugast
(tio.S Tau yc r) 1), pour pouvoir, en marchant dans un calme profond, main-
tenir un gouvernement paisible 2)».
La première question qui se pose est de savoir quel est le kagan qui
a écrit en 598 à l'empereur Maurice. Nous remarquerons que ce kagan
s'intitule lui-même «maître des sept climats du monde»; les sept climats
sont une expression bien connue qui se retrouve chez nombre d'auteurs
arabes et qui désigne l'ensemble de la terre habitée; le maître des sept
climats n'était donc pas un roitelet quelconque; il devait être le chef
suprême des Turcs. Si l'on se reporte à la note 5 de la page 48 dans
laquelle nous avons résumé l'histoire du kagan Ta - t'eou, on constatera que,
au milieu de toutes les dissensions qui déchiraient alors l'empire turc,
Ta-t'eou était en 598 celui qui pouvait le plus légitimement prétendre
à la souveraineté sur les Turcs tant occidentaux que septentrionaux; cette
souveraineté, il l'assuma effectivement en 599 lors qu'il prit le titre de
Bilgä kagan. Si l'on se rappelle d'ailleurs que Ta-t'eou n'est autre que le
Tardou auprès duquel Valentin était venu en ambassade en 576, on com-
prendra que ce kagan, qui avait déjà été en relations avec le gouvernement
byzantin, ait désiré l'informer de ses récents succès.
Quoique le texte de Théophylacte attribue à un seul et même
kagan toutes les victoires qui sont énumérées dans la missive, il est bien
évident que, soit que la lettre turque ait été mal traduite à Byzance, soit
pour toute autre raisson, il faut rapporter aux prédécesseurs de Ta-t'eou
(Tardou) les premiers triomphes dont il se fait gloire. Si nous avons eu
raison d'identifier les véritables Avares avec les Joan joan, le kagan qui
abattit leur puissance doit être T'ou-men; mais nous avons vu que T'ou-men
associa à ses exploits son frère cadet Che-tie-mi ou Istämi; c'est évidem-
ment Che-tie-mi qui est mentionné par Th é o p h y l a c t e sous le nom de
Stembis kagan 3); Istämi étant d'ailleurs le père de Tardou, il est tout
naturel, si Tardou est, comme nous le supposons, l'auteur de la lettre, qu'il
ait désiré rappeler expressément la part prise par son père dans la fondation
de l'empire turc.
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Ici le mot Taugast désigne, non plus une ville, mais les habitants de cette ville, ou plus exactement de la contrée dont cette ville était la capitale. Les Taugast sont donc les Chinois.
La suite du texte de Théophylacte contient une notice sur la Chine qui a été analysée plus ou moins complètement par Klaproth (Mémoires relatifs ù l'Asie, tome III, p. 261-264), Yule (Cathay and the way thither, tome I, p. XLIX —L), et M a r q u a r t (Erânsahr, p. 316).
M a r q u a r t (Historische Glossen zu den alttúrkischen Inschriften, p. 185) a été le premier à proposer cette identification.
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